Le maire vient d’annoncer que l’ensemble des caméras de vidéoprotection déployées dans la commune sont désormais opérationnelles. Mais derrière cette communication très maîtrisée, plusieurs éléments doivent être interrogés, temps sur le fond que sur la forme.
Un accès aux images en direct ? Une pratique, possiblement illégale et inquiétante.
Sur la capture d’écran du post, publié depuis la page personnelle du maire, on constate qu’il utilise une application mobile lui donnant accès, semble-t-il, au flux des caméras en direct. Cela soulève deux problèmes majeurs :
- Sur le plan légal, l’accès aux images de vidéosurveillance est strictement encadré par la loi. Seul des agents dument habilités peuvent consulter ces images, dans un cadre bien précis et avec une traçabilité claire, par exemple, le déclenchement d’une alerte ou une réquisition lors d’une enquête judiciaire.
- Sur le plan moral, cette possibilité de surveiller les habitants depuis un téléphone mobile personnel, sans transparence, ni contrôle démocratique, et profondément dérangeante. Cela n’a rien à voir avec une politique de sécurité républicaine.
Recours au privé, conséquence directe d’une gestion défaillante.
Le maire annonce également avoir fait appel à une société de gardiennage privée pour sécuriser certains sites, notamment le complexe sportif, Firmin RIFFAUD. Ce choix interroge, pourquoi ne pas s’appuyer sur la police municipale ?
La réponse est malheureusement connue, depuis sa création, la police municipale a peine à exister. Turnover constant, effectifs instables, moyens insuffisants… Elle n’a jamais compté trois agents actifs en poste en même temps durant plus de quelques semaines.
Cette situation est le résultat d’une mauvaise gestion des ressources communale. Et aujourd’hui, faute d’avoir su consolider un service public de proximité, on paye du privé, à grand frais, pour pallier les carences internes. Ce n’est pas une stratégie, c’est une fuite en avant.
Vidéosurveillance, un outil coûteux mais peu efficace sans moyens humains.
Le maire affirme que la vidéosurveillance est désormais un appui de taille contre les incivilités. C’est un discours séduisant, mais qui ne résiste pas à l’épreuve des faits.
Les études, y compris celles de la cour des comptes et de la Gendarmerie Nationale, montrent que la vidéosurveillance n’a qu’un effet dissuasif très limité en particulier dans les espaces publics ouverts.
Le taux d’élucidation, grâce aux caméras reste marginal 1 à 3% des affaires, sauf dans les cas où une surveillance active est assurée en temps réel.
Or à Magnanville, nous n’avons pas les effectifs pour assurer une telle surveillance 24/7. Le dispositif risque donc de ne servir qu’à enregistrer des faits, sans véritable capacité d’intervention ou de dissuasion.
Pour une politique de sécurité, claire, transparente et efficace, nous demandons :
- Des explications précises sur les conditions d’accès aux images à Magnanvillle : qui est habilité ? Selon quel cadre légal ? Quelle traçabilité ? Pourquoi le Maire nous montre une capture d’écran d’un smartphone ayant accès aux flux en temps réel ?
- Un renforcement sérieux de la police municipale, au lieu de multiplier les prestations privées ponctuelles.
- Un changement de paradigme sur la sécurité, plutôt que de communiquer sur les réseaux à grands renforts d’argent publique dépensé dans des caméras, soyons sur le terrain avec des moyens humains.
La sécurité est une priorité, mais elle ne serait être traitée à coup d’annonces, d’effets de communication et de solution bricolées. Ce que les Magnanvillois attendent, c’est une politique cohérente, respectueuse des droits et efficace sur le terrain.