Madame, Monsieur,
Le groupe Collectif Magnanville, composé d’élus du conseil municipal de Magnanville, représentant les intérêts des habitants de notre commune et soucieux de l’avenir de notre commune et de ses terres agricoles, souhaite exprimer son opposition ferme et argumentée à la modification du Schéma Directeur Régional de l’Île-de-France (SDRIF-E) prévue pour notre territoire. Cette modification, qui faciliterait l’implantation d’une maison d’arrêt de grande envergure sur des terres agricoles stratégiques, entre en contradiction directe avec les objectifs du SDRIF-E, compromettant l’équilibre écologique, la qualité de vie de notre communauté et les objectifs de développement durable de l’Île-de-France.
Incohérence avec les objectifs du SDRIF-E
La révision proposée du SDRIF-E, qui vise à intégrer un projet de maison d’arrêt au cœur de Magnanville, soulève des incohérences profondes avec les principes fondamentaux du schéma, notamment face aux défis contemporains tels que le dérèglement climatique, la nécessité impérieuse de réduire la consommation des terres, et l’ambition d’inscrire la région dans une trajectoire de sobriété foncière. Ce projet, par sa nature, semble non seulement contrevenir à ces objectifs, mais également mettre en péril la trajectoire écologique que s’efforce de suivre la région à travers ce SDRIF-ENVIRONNEMENT.
Au cœur des ambitions du SDRIF-E se trouve la volonté d’adapter le territoire aux changements climatiques, de préserver les espaces naturels et de garantir une cohabitation harmonieuse entre zones urbaines et zones préservées, qu’elles soient agricoles ou forestières. La modification envisagée pour Magnanville, remplaçant un espace dédié à l’agriculture par une infrastructure carcérale, s’inscrit en rupture flagrante avec ces engagements. Elle symbolise l’artificialisation de terres précieusement conservées pour l’agriculture dans l’ancien SDRIF ainsi que dans le PLUi, en contradiction directe avec les objectifs de limitation de l’artificialisation des sols et de préservation de la biodiversité établis par le SDRIF-E. Cette démarche menace non seulement la qualité de vie des Franciliens mais aussi la résilience agricole et alimentaire de notre région.
Les terres agricoles en question transcendent leur simple fonction alimentaire et économique ; elles jouent un rôle pivot pour la biodiversité, pour la régulation du climat via le stockage du carbone, et sont cruciales dans la lutte contre l’érosion des sols et pour la gestion des ressources en eau. Au-delà de ces aspects environnementaux et économiques, ces espaces incarnent également un lieu de bien-être et de lien social pour les habitants de Magnanville et des environs. Ils offrent un accès privilégié à la nature, essentiel pour la santé mentale et physique, favorisant les activités de plein air, la détente et le ressourcement. Leur conversion en une maison d’arrêt réduirait considérablement cet espace vital pour la communauté, portant atteinte à la qualité de vie et au tissu social de notre région.
En somme, la transformation envisagée de ces terres agricoles en un établissement carcéral irait à l’encontre des principes de durabilité et d’équité sociale promus par le SDRIF-E. Elle exacerberait les vulnérabilités de notre territoire aux changements climatiques et compromettrait les efforts de toute une région pour bâtir un futur résilient, vert et inclusif. Il est impératif de repenser ce projet pour qu’il soit en harmonie avec les objectifs ambitieux du SDRIF-E, qui visent à protéger notre environnement et à améliorer la qualité de vie de tous les Franciliens.
Impact environnemental et social
La localisation envisagée pour ce projet, aux abords directs des zones habitées, d’établissements éducatifs et au cœur d’un secteur agricole, suscite de profondes inquiétudes quant aux répercussions environnementales et sociales. Outre les nuisances sonores et visuelles, ce projet accentuerait la pression sur les infrastructures locales déjà saturées, dégraderait la qualité de l’air et de l’eau, et accroîtrait les risques d’inondation, en contradiction avec les objectifs de gestion durable des eaux et de lutte contre l’imperméabilisation des sols fixés par le SDRIF-E.
Cette zone est déjà fortement impactante en ce qui concerne le ruissellement des eaux pluviales car en partie concernée par la présence de terres argileuses et se situant en haut d’une colline. A plusieurs reprises par le passé, la commune de Magnanville a dû réaliser des infrastructures et des aménagements pour lutter contre les inondations provoquées par le ruissellement lors des périodes de fortes intempéries, en construisant par exemple plusieurs bassins de rétention d’eau.
En complément de cette particularité portant déjà atteinte à des projets de bétonnisation de ces terres, ces champs ont une autre particularité, celle de se situer au-dessus d’une nappe phréatique alimentant en eau potable une grande partie du bassin de vie du Mantois. Construire une infrastructure de cette taille (25 ha) au-dessus de cette nappe représente un risque que nous ne pouvons pas prendre concernant le remplissement de cette nappe et l’alimentation en eau potable de la population du Mantois et va encore une fois à l’encontre des principaux objectifs affichés du SDRIF-E.
Construire de tels bâtiments sur des terres argileuses c’est aussi devoir utiliser des fondations sur pieux pour minimiser les risques liés aux phénomènes de retrait-gonflement de l’argile et qui consiste à utiliser des piliers de fondation profonds, en béton, qui traversent les couches d’argiles instables pour reposer sur une couche de sol plus stable et solide, en profondeur. Technique qui risque, lorsqu’une nappe phréatique est présente sous les couches argileuses, comme c’est le cas à Magnanville, de polluer de manière définitive et irréparable ladite nappe.
Avis de la Communauté Urbaine Grand Paris Seine et Oise et opposition des élus du territoire
Notre position contre le projet de construction d’une maison d’arrêt sur les terres agricoles de Magnanville trouve un large écho au sein de la Communauté Urbaine Grand Paris Seine et Oise (CU GPSEO), qui, lors de la consultation des entités publiques, a clairement exprimé son opposition en demandant la suppression de la zone prévue pour l’implantation de ce centre pénitentiaire. Cette convergence de vues souligne non seulement l’unanimité des acteurs locaux contre l’artificialisation de ces précieuses terres agricoles, mais aussi la profondeur de la contestation face à ce projet.
Il est important de souligner que cette opposition ne se limite pas aux instances communautaires mais s’étend également à des figures politiques de premier plan. Parmi les opposants notables, nous comptons des élus de différentes strates de la représentation politique, y compris des parlementaires, tels que Benjamin Lucas, député de la 8ème circonscription des Yvelines, où se situe Magnanville, Sophie Primas, sénatrice des Yvelines, Ghislaine Senée, sénatrice des Yvelines et ancienne conseillère régionale, Gérard Larcher, sénateur des Yvelines et président du Sénat, ainsi que Mounir Satouri, député européen. Leur opposition commune au projet illustre une rare unité autour de la préservation des terres agricoles et met en lumière la nécessité impérieuse d’une révision du projet en accord avec les principes de préservation environnementale, de respect du patrimoine naturel et agricole, et de planification urbaine responsable.
Cette mobilisation d’acteurs diversifiés, allant des autorités locales aux représentants au niveau national et européen, témoigne de l’importance de ces terres, non seulement pour Magnanville, mais pour l’ensemble de la région. Elle rappelle l’urgence de repenser le projet pour qu’il respecte les engagements environnementaux, sociaux et économiques en faveur d’un développement soutenable et équitable. La préservation de ces terres agricoles est essentielle, non seulement pour la biodiversité et la lutte contre le changement climatique, mais aussi pour le bien-être et la qualité de vie des habitants du territoire.
Révision de la Modification du SDRIF-E concernant Magnanville
En conséquence, nous demandons avec insistance la réévaluation de cette modification prévue pour Magnanville, en tenant compte de ses impacts irréversibles sur l’environnement, la qualité de vie des habitants et la vision d’une Île-de-France résiliente et durable. Nous appelons à une réflexion approfondie sur des alternatives qui respectent les engagements environnementaux du SDRIF-E et qui favorisent le bien-être et la santé des populations franciliennes.
Nous vous remercions de l’attention portée à notre avis et restons à votre disposition pour toute information complémentaire ou pour participer à des discussions visant à trouver une solution respectueuse des intérêts de tous.
Les élus du groupe Collectif Magnanville
Djamila Boyer, Alexandre Chambord, Dylan Guelton, Claire Jennepin, Joëlle Moreau, Kelly Richard
Bonjour à vous, Je viens de prendre connaissance de votre prise de position au sujet de l’implantation envisagée par l’Etat d’un établissement pénitentiaire à Magnanville et des arguments que vous évoquez pour vous opposer au projet. J’obtiens ainsi des informations qui corroborent les « bruits de couloir » m’ayant été rapportés jusqu’à présent.
Je profite de ce message pour vous demander si vous êtes l’initiateur de la manifestation organisée samedi dernier, après-midi, manifestation à laquelle j’aurais volontiers participé si j’en avais eu connaissance.
Merçi à vous. Christian FOUQUET – habitant de Magnanville